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Haro sur le projet de nouveau régime de récompenses applicable à tous les IT et BIATPSS des unités dont le CNRS est une tutelle

Communiqué intersyndical

 

Bâton ou carotte ?


Les différentes organisations syndicales ont été conviées par le délégué régional Alsace du CNRS, Géraud Delorme, le 11 avril 2025, à une réunion de présentation de son projet de nouveau régime de récompenses applicable à tous les IT et BIATPSS des unités dont le CNRS est une tutelle...

 

Cette expérimentation s’appuie sur des textes datant de 2011 et 2012 (le décret n° 2011-675 et l’arrêté du 21 décembre 2012 relatif à la composition du dossier individuel des agents).
Ce nouveau « régime de récompense » devrait s’articuler autour de la possibilité donnée au Directeur d’unité (DU) d’adresser aux agents des lettres de « félicitation » et « d’admonestation » (un terme désuet et infantilisant pour signifier une sévère réprimande) dans le but d’améliorer la reconnaissance des agents et ainsi recréer le lien de confiance entre encadrés et encadrants. Ce régime se veut une réponse constructive à l’enquête IPSOS de 2023 qui indique un lien de confiance altéré au CNRS (https://www.cnrs.fr/fr/actualite/consultation-des-agents-du-cnrs-une-grande-premiere).

Pour restaurer ce lien de confiance le délégué régional, à la tête d’un groupe de travail a ainsi rédigé la circulaire qui définit les contours d’un « management convivial » se basant sur ce nouveau « régime de récompense ». Ce groupe de travail composé de 5 DU, du responsable du service RH de la délégation et d’un représentant du service des carrières du siège national, ne comprenait ni les organisations syndicales (OS), ni un panel représentatif d’IT concernés par la mesure. Les avis et suggestions des personnels des laboratoires, concernés au premier chef par ce protocole n’ont donc pas pu être pris en compte.

Ce régime a d’ores et déjà été présenté en réunion des directeurs d’unité. C’est seulement à l’issue du processus d’élaboration de la circulaire que les OS ont été invitées par le délégué régional en présence de la responsable du service RH. Lors de cette réunion, nous, représentants des OS, avons argué que cette réponse à une problématique structurelle était inadaptée. Les oppositions que nous avons exprimées ont été balayées par le délégué régional. Nous savons que ce système est déjà en place.  

Pourquoi les OS sont-elles opposées à la mise en place de ce dispositif ?

Les lettres de « félicitation » et d’« admonestation » au cœur de ce dispositif, seront rédigées par les directeurs de laboratoire ou par le délégué régional en considération d’un travail exceptionnel ou au contraire d’un manque de dévouement, toutefois sans qu’aucun critère ne soit clairement établi.  Si la lettre de « félicitation » peut être vue comme une récompense portée au dossier de l’agent, elle ne s’accompagne néanmoins d’aucun avantage direct, outre le fait de distinguer l’agent par rapport à ses collègues. Il en irait tout autrement de la lettre « d’admonestation », qui, bien que non-portée au dossier de l’agent et remise à discrétion du DU entérinerait plutôt une rupture de la relation de confiance et le désarroi de l’agent récipiendaire.

Ces lettres sont perçues par les OS comme de nouvelles armes données aux responsables pour faire du micro-management sans moyens supplémentaires, sans régler les conflits hiérarchiques ni permettre la reconnaissance des personnels.

Ce système qui officialiserait l’infantilisation au travers de la distribution de bons ou de mauvais points, ne saurait être mis en place que pour étouffer la misère de nos salaires et primes, ainsi que le manque de recrutements et d’attractivité de nos établissements.

De plus, la mise en place de la « lettre d’admonestation », pour rappel exclusivement applicable aux IT et BIATSS, est inacceptable ! Comment renouer la confiance relationnelle entre DU et agents, si le postulat de base est de stigmatiser les personnels d’une catégorie.
Avant de réinventer la roue, il serait bon de rappeler à nos responsables hiérarchiques qu’une multitude de possibilités – ayant un impact sur les dossiers de carrière et les promotions – existe pour « féliciter » nos collègues (remerciement oral appuyé, rédaction de remerciement pour son travail dans le dossier annuel, intégration de l’agent dans les publications scientifiques, proposition à la médaille de cristal, CIA…). Il suffit d’en faire usage.

Dans un contexte socio-économique tendu où les souffrances au travail dans les unités de recherche du CNRS sont croissantes, ce qui se traduit également par une diminution de l’attractivité de nos carrières, la nécessité est à l’apaisement des relations encadrés/encadrants pour constituer un environnement de travail serein et bienveillant. La mise en place d’un système de réprimande placé dans les mains du DU, sans contre-pouvoir, ne ferait qu’accroître la pression sur les personnels sans produire les conditions nécessaires à l’amélioration des conditions de travail. .
Soulignons également que cette nouvelle procédure vient briser la relation de confiance nécessaire au travail de recherche dans les équipes, où se rassemblent tous les personnels, IT et chercheurs-chercheuses, dans le but commun et partagé de construire un collectif de travail compétent pour produire des résultats scientifiques. L’activité de recherche est singulière et fragile. Elle demande l’engagement de chacun et ne peut être manipulée qu’avec précaution. Lui imposer des méthodes inadaptées ne peut être qu’improductif, voire délétère.
Nous, organisations syndicales, refusons ce nouveau « régime de management convivial ». Nous demandons que ce système, qui touche aussi bien les IT du CNRS, de l’INSERM que les BIATSS, soit présenté dans son entièreté et mis en discussion aux différentes instances des F4SCT du CNRS, de l’INSERM et de la F3SCT de l’université de Strasbourg et de l’UHA.

L’intersyndical :
SNIRC-CFE-CGC, SNCS-FSU, SNTRS-CGT, SGEN-CFDT Recherche EPST, FO-ESR 67, SNPTES-UNSA